« Des p’tits trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous » chantait Serge Gainsbourg. Mais certains s’enfuiront plutôt en courant ! Face à une éponge, un nid d’abeille ou même une rangée de tuyaux industriels, un malaise vous envahit, une répulsion intense de ce qui vous est offert visuellement vous donne envie de prendre vos jambes à votre cou, la nausée est là. Bref, cette image vous rend malade. Pourquoi ? Seriez-vous atteint de trypophobie ?Obsession Addict vous en dit plus.
La trypophobie, une maladie non reconnue en médecine
Selon les scientifiques, cette pathologie serait probablement plus courante qu’on ne le croit. Avec Internet, les personnes trypophobes peuvent enfin échanger sur le sujet avec d’autres personnes touchées par les mêmes symptômes, réactions qu’eux face à une nuée de trous. Forums, fanpages, groupes, … de nombreux espaces de discussion se mettent en place pour faire reconnaître cette « nouvelle » maladie. Et surtout se sentir moins seuls et démunis face à cette peur viscérale qu’est la trypophobie. Plus qu’un toc, c’est une véritable phobie.
Pour expliquer concrètement comment la trypophobie fonctionne, vous prenez les mécanismes d’une bonne phobie (comme l’arachnophobie, cette peur irrationnelle des araignées), un comportement qui change à la vue du sujet et une peur/malaise fort qui prend tous les sens de la personne atteinte. La trypophobie, ou «peur des trous», est un état qui entraîne chez ses victimes une réaction émotionnelle douloureuse lorsqu’elles voient des images apparemment anodines représentant des groupes d’objets, en particulier des trous. Ce symptôme fut décrit pour la première fois sur internet en 2005 mais n’est pas encore reconnu par le corps médical. Pourtant, une nouvelle étude coordonnée par la Emory University (aux États-Unis) a décidé de s’y intéresser de plus près, en soumettant leurs sujets à différentes expositions d’images pour tester leurs réactions.
Le plus « douloureux » est qu’en plus, les images déclenchant ces réactions peuvent être totalement naturelles comme du chocolat soufflé, une éponge, une tête de lotus, … bref tout ce qui représenté un essaim de trous, peu importe leur taille. Plusieurs symptômes peuvent alors apparaître, les réactions ne sont en effet pas uniques chez la personne souffrant de cette phobie : modifications cognitives reflétant l’anxiété, symptômes corporels en rapport avec la peau (comme des démangeaisons ou la chair de poule) et troubles physiologiques (une nausée, le cœur battant, ou une difficulté à trouver sa respiration). Les images qui provoquent la réaction émotive ne sauraient être normalement conçues comme menaçantes; c’est là que la trypophobie se différencie de la plupart des autres phobies.
Des propriétés mathématiques, une mauvaise oxygénation cérébrale ?
On cherche toujours la source d’une phobie, ses facteurs déclencheurs, ses spécificités pour mieux l’appréhender et y faire face. Il semblerait que dans ce cas présent, les scientifiques et médecins aient des débuts de pistes. Sans rien affirmer pour autant.
Plusieurs études ont été réalisées pour essayer de comprendre les mécanismes de la trypophobie car si pour d’autres peurs irrationnelles, on perçoit la notion de danger, les images provocant les réactions d’ « inconfort » n’ont ici rien de menaçant. Seul le côté graphique, géométrique attire notre attention en premier lieu mais ne déclenche rien chez une personne lambda. Alors pourquoi ? Serait-ce dû à un inconfort ou une fatigue visuels, un vertige, un mal de tête ? Probable.
Les images possédant ces propriétés mathématiques ne peuvent pas être traitées efficacement par le cerveau et elles demandent donc davantage d’oxygénation cérébrale (le cerveau utilise à peu près 20% de l’énergie corporelle et l’utilisation de cette énergie doit être réduite à un minimum). Serait-ce donc la réponse ? On pense en tout cas, que c’est surtout lié à un mécanisme d’auto-défense et de survie face à une contamination. Et que ce mécanisme est plus fort chez les trypophobes. En effet, cette phobie pourrait permettre à certaines personnes de reconnaître les aliments moisis ou pourris, les peaux et les tissus malades… parfois caractérisés par des trous.
Trypophobie : les mêmes symptômes qu’une phobie.
Les phobies spécifiques, telles que la tryprophobie, présentent les caractéristiques suivantes :
– Peur ou anxiété intense pour un objet ou une situation spécifique (par exemple, voler, les hauteurs, les animaux, l’administration d’une injection, voir du sang …)
– L’objet ou la situation phobique provoque presque toujours la peur ou l’anxiété immédiate.
– La situation phobique est évitée ou supportée activement par la peur ou l’anxiété intense.
– La peur ou l’anxiété est disproportionnée si nous analysons le danger réel posé par l’objet ou d’une situation et le contexte socio-culturel.
– La peur, l’anxiété ou l’évitement est persistant et dure généralement six mois ou plus.
– L’anxiété, la peur ou l’évitement entraîne une gêne ou une détérioration cliniquement significative dans le fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
Il est fréquent que les personnes souffrent de plusieurs phobies spécifiques. Environ 75% des personnes souffrant de phobie spécifique craignent plus d’une situation ou d’un objet. Les symptômes de la trypophobie sont identiques à ceux de toute autre phobie spécifique et seraient donc les suivants :
– Peur excessive et irrationnelle, en plus persistante, déclenchée par la présence ou l’anticipation du stimulus anxiogène. Dans ce cas, le stimulus anxiogène serait l’observation d’un motif géométrique concret.
– Réponse d’anxiété due à l’exposition ou l’anticipation du stimulus anxiogène. Des crises d’anxiété ou des attaques de panique peuvent apparaître dans les cas les plus extrêmes.
– Évitement desdits stimuli ou des situations dans lesquelles ils peuvent apparaître.
– Interférence dans la vie quotidienne. Ces comportements d’évitement et les symptômes d’anxiété associés interfèrent sérieusement dans différents domaines de la vie d’une personne.
Comment s’en sortir ?
Dans tous les cas, seul un spécialiste pourra vous donner un vrai diagnostic. Demandez alors de l’aide à un psychologue. Sachez quand même que le traitement de choix de la trypophobie est l’exposition directe au stimulus redouté. Dans le cas présent, à certaines figures ou images géométriques. Il est également utile dans certains cas de compléter l’exposition directe avec des techniques de relaxation.
Alors si vous voulez vous faire du mal, allez regarder des photos pleines de trous ! On est presque à de l‘auto-mutilation oculaire !